[Rencontre avec le Comité d'organisation des Jeux...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT3215 03
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Récit du 366e jour avant les JO d'Albertville au côté du président Killy. Ou l'art et la manière de savoir être toujours au four et au moulin tout en gardant le sourire.
historique Pour Jean-Claude Killy, les journées se suivent et se ressemblent. Depuis son retour à la présidence du Cojo, au printemps 1988, elles sont toutes entières consacrées à la préparation des XVIe Olympiades d'hiver, l'un des derniers grands événements internationaux que la France accueillera avant la fin de ce siècle. Et Killy, le perfectionniste, a suffisamment déclaré que ces Jeux seraient ceux de la perfection pour qu'il veille effectivement au grain. Aucun détail ne lui échappe et il sait même aller sur le terrain - tâche qu'il partage avec Michel Barnier -, lorsque c'est indispensable afin de jouer de sa séduction pour mettre les média, les élus et les dirigeants sportifs dans sa poche. [Le 7 février 1991], il a ainsi passé l'essentiel de son temps à Albertville pour accueillir le Train Coubertin et répondre aux questions des journalistes de la presse internationale un an avant l'ouverture des JO. Une journée démarrée à Val d'Isère, où il était présent depuis lundi soir pour préparer les trois coupes du monde de ski alpin, dernière répétition avant les courses de février 1992. Sa première préoccupation de la journée, à l'heure où la plupart des Français ouvrent à peine l'oeil, a été de se rendre dans le centre de presse afin de voir comment le système des accréditations, réplique à petite échelle de celui des Jeux, fonctionnait. Dans la foulée, à 8h15, il a foncé vers son hélicoptère afin de gagner Albertville. Mais là, grosse surprise. Les moins 22 degrés ont fait geler le centimètre de neige tombé dans la nuit. "Les pales étaient transformées en glace. Il était impossible de décoller. Malgré les conditions météorologiques, un appareil du SAF a pu venir me chercher..." Un contretemps qui se traduit par une demi-heure de retard sur un planning très serré. Cela laisse un tout petit quart d'heure à Killy et Barnier pour préparer la conférence de presse de midi. Après s'être gentiment moqué de la cravate "Racing" du président du Conseil général, le premier s'inquiète de savoir si "la mallette pédagogique Candia sera remise à tous les journalistes". On se partage les tâches et on a juste le temps de sauter dans la R25 présidentielle pour foncer à la gare où le Train Coubertin et tout ce qu'Albertville compte de notabilités bat la semelle par un froid glacial, une visite étant prévue à 11 heures. Barnier se tourne vers Killy et lui dit : "Tu vois la gare comme tu ne la verras plus jamais car elle est en train d'être démolie". Le chauffeur pile devant l'entrée. Barnier sort et serre des mains. Killy reste un instant seul et lâche : "On redonne dans la politique locale..." Henry Dujol, le maire de la cité olympique, les salue en compagnie du président régional de la SNCF. Des télés françaises et japonaises font des gros plans. Killy conduit tout le monde vers le train toujours précédé par les cameramen : "Tu t'aperçois que quand tu marches devant, ce n'est pas forcément plus drôle que d'être derrière!..." Pour la quatrième fois en quelques jours, puisqu'il était présent à Bordeaux, Limoges et Toulouse alors qu'il se rendra également aux étapes de Nancy et Strasbourg, il s'apprête à refaire la visite. Deux groupes sont constitués. Le guide Killy prend en charge le premier en calculant déjà le temps qu'il faudra pour parcourir les 472 mètres du Train Coubertin. Henry Dujol le suit : "Tu es chez toi Henry." Puis, se tournant vers le reste de la troupe, il ajoute : "Nous avons été très aidés par la haute technologie et la conception assistée par ordinateur. Ça a permis de travailler en trois dimensions afin de positionner les caméras sur les sites..." L'une des premières voitures reconstitue un studio de télévision semblable à ceux qu'on trouvera l'an prochain sur les sites et au centre audiovisuel de Moûtiers. Un peu après, on parvient dans celle du ski alpin. Le sol est en sable afin de reconstituer l'aspect de la neige. Un film retrace en quelques minutes les plus récents JO avec, en particulier, un superbe plan sur Johnson, descendeur américain à Sarajevo. L'étape suivante est celle des sports de glace. "C'est le domaine d'Henry Dujol !" Nouveau film : "Regardez bien la première image. La fille est superbe..." Katarina Witt apparaît : "Qu'est-ce que je vous avais dit ?" Les journalistes se pressent autour du patron du Cojo : "On n'en a jamais vu autant depuis le départ du train..." Le dernier des six premiers wagons est en vue : il reconstitue une piste de bob avec, en toile de fond, un film d'une compétition. La sensation est réelle et on s'y croirait. Chacun s'assoit sagement sur les sièges. Killy reste debout pour donner quelques explications. La voiture réservations se trouve juste après. Nouvelle occasion de parler des différentes formules proposées dans ce "système extrêmement logique". Killy regarde sa montre : "Il faut qu'on accélère !" La seconde partie du train, celle des entreprises partenaires, sera donc visitée au pas de course. Les deux groupes se retrouvent alors et ont droit à une présentation globale de l'opération en trois minutes. C'est que les journalistes, présents au siège du Cojo, attendent. Une représentante d'A2 pose trois questions banales le long du quai. La R25 est prête à bondir. Juste le temps de jeter un oeil au nouvel hôpital dont les travaux s'achèvent, et de chambrer "Beaufort", surnom dont il affuble Michel Barnier "depuis cinq ans car il est beau et fort". Les grilles du Bunker - il s'agit du siège du Cojo -, s'ouvrent. Il est 12h10 et Guy Mucel, fidèle parmi les fidèles, remet quelques notes à chacun des présidents. Une cinquantaine de journalistes sont là pour cette conférence de presse donnée un an avant les Jeux. Elle dure trois quarts d'heure. TF1, A2, la télé suisse romande, Europe 2, RTL, quelques confrères japonais se bousculent pour avoir quelques mots de Killy qui garde le sourire même lorsqu'on lui pose pour la énième fois la même question ou quand une consoeur, sans doute marquée par la guerre du Golfe, lui demande s'il faudra porter des masques à gaz dans l'enceinte de la piste de bob ! Guy Mucel et Jean-Marc Eysseric, autre pilier du Cojo, sont chargés de réserver une table dans un restaurant voisin. Salade, entrecôte-haricots verts et gâteau chocolat-praliné - il aime les pâtisseries mais ne prend jamais de café -, sont avalés. Dehors, il neige à gros flocons et Killy est inquiet pour les courses prévues à Val d'Isère : "Une descente comme ça, qu'on a préparé pendant des semaines. Ne m'en parle pas. Si c'est annulé, quelle tristesse !" En sortant, Killy fait un petit tour par la patinoire : "Je l'adore et en plus il y a une sonorité canon. Elle sera super pour les futurs concerts..." L'anneau de vitesse voisin est malheureusement recouvert par la neige ce qui n'empêche pas les ouvriers présents sur le chantier de travailler comme si de rien n'était. Le Cojo est à deux pas. Retour dans son bureau, contigu de celui de Michel Barnier. Petit conciliabule entre les deux hommes pour préparer le dîner du soir, prévu avec le Préfet et "Jeannot Lapin " - surnom de Jean-Albert Corrand -, et le programme du lendemain. Une journée tout aussi ordinaire avec interview sur Europe 1 à 8h20, bref arrêt chez lui à Genève, pour prendre des chaussures, avant de foncer sur Lausanne où le président Samaranch lance les invitations un an avant les JO. Ensuite ce sera le retour sur Albertville, pour voir tourner le pont de Gilly à 14h30, un passage au Coio et une soirée à Val où l'hélicoptère aura peut-être dégelé... Source : "Une journée très ordinaire du président Killy" / Dossier par Christian Dybich in Lyon Figaro, 11 février 1991, p.21-22.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP03390.

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